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Le blues de Hong-Kong
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20 mai 2012

Episode 1: Exorde

Introduction:

L'unique héritier de la Voie Ultime du Poing du Dragon sans Ombre

 Episode 1 : Exorde

                 Quelque part dans les montagnes froides, chinoises et brumeuses à la source du Huang Pu, s’entraînait sans relâche un jeune homme. Son vieux maître, le sifu Fu Ying, lui enseignait le Kung Fu Ultime de la voie du poing du dragon sans ombre, patiemment, depuis plus de dix ans déjà. Le jeune homme, malgré l’énorme débit d’eau de la cascade qui lui écrasait la tête et les épaules, écoutait les conseils du sifu : « Ne laisse pas ton esprit se faire écraser. Sois plus fort que le Huang Pu et tu ne craindras personnes ». Telle était l’une des innombrables leçons du vieux maître.

Le vieux Fu Ying avait recueilli Jack alors qu’il n’était qu’un nourrisson. Ses parents furent assassinés par l’infâme Han une vingtaine d’année auparavant. Son père Billy Song Pain s’était opposé aux trafics criminels du groupe de Han. Ce qui lui avait apporté la mort, à lui, sa femme, et sa fille, la sœur aînée de Jack. Son fils fut sauvé in extremis des assassins par le vieux maître, qui l’éleva par la suite comme son propre fils, dans son humble école de Kung-fu. En mémoire du combat courageux de son père.

Fu Ying luttait lui aussi à sa façon contre l’organisation secrète de Han. Mais Jack ne savait pas comment, étant donné que le vieux maître tenait la chose secrète (et ne semblait surtout rien faire d’autres de ses journées que le regarder trimer à l’entraînement).

Un beau matin, alors que Jack était parti faire son jogging matinal de trente kilomètres, Fu Ying se fit assassiné dans la cours de son école de Kung Fu. Lorsque l’élève de la Voie Ultime du poing du dragon sans ombre revint de son entrainement, il vit une trentaine de cadavres gésir dans une circonférence de vingt mètres. Son maître était affalé au centre, face contre terre, trente balles dans le dos.

Jack Song Pain reconnu les tatouages que les assassins arboraient sur leurs omoplates: une pieuvre étouffant entre ses tentacules un homme, une femme et un enfant. Le symbole de l’organisation de Han, que Fu Ying lui avait si souvent montré…

Les assassins venaient de Hong-Kong. Jack l’avait découvert en les fouillant. C’était écrit sur leurs tickets de bateau...

 

Sur la trop récente tombe de son maître, à la tombée de la nuit, Jack jura de se venger.

 Et partit pour Hong-Kong.

 Tiiiiin….Tin tin !!

(Générique d’ouverture : Enter the dragon, Lalo Schifrin)

 

 Baie de Hong-Kong, 1996

                 Jack venait de descendre du paquebot qui l’avait mené de Chine jusqu’ici. Cela faisait plusieurs jours qu’il était sur ce maudit bateau, affublé d’un épouvantable mal de mer... Du coup il avait passé la traversée complète accroché au bastingage, l’estomac rendant dans un flux relativement constant les quelques repas qu’il parvenait à ingurgiter. Il se retourna lorsqu’il foula enfin les quais, et contempla la masse métallique du navire. Il était gigantesque. « Et moche » se crut-il obligé de rajouter. La foule le bousculait à la descente de la passerelle, aussi pressée que lui de s’éloigner du navire. Il suivit donc le mouvement en se laissant entraîner par la masse ne sachant de toute manière pas où aller. Il n’avait jamais côtoyait autant de personnes. Il n’était pour ainsi dire en réalité jamais sorti de chez lui… Ses économies (celles de son maître du moins) lui avaient juste payé le prix du voyage, et encore dut-il accepter de voyager dans une cabine dortoir avec une dizaine d’autres gars. Le comble fut du voyage fut lorsqu’un matin il ne retrouva pas ses fringues : un clodo avait du lui les tirer. Un de ses voisins de chambrée lui fila un jean troué, une vieille paire de basket et un T-shirt blanc uni.  Bref, Jack était vraiment heureux de se tirer de là dedans.

Une multitude de petites échoppes se trouvaient le long des quais, juste avant les gigantesques immeubles qui marquaient une nette coupure entre les quartiers du port, semblant plutôt pauvres, et les quartiers de la ville, plutôt pauvres aussi en fait. Il longea les quais en espérant trouver un restaurant calme où bouffer avec quelques yuans. Il était treize heures environ et son estomac était considérablement vide du fait de ses  péripéties maritimes.

Les échoppes étaient passablement nombreuses dans cette partie du port: des barbiers, des quincailliers, des salles de jeux semblant plus ou moins honnêtes et surtout, mais surtout, des restaurants. Tandis qu’il se roulait une clope (son voisin de lit lui avait appris comment faire et lui avait filé un peu de tabac), Jack vit un vieillard se faire agresser devant l’un de ceux-ci. Six voyous l’encerclaient et le menaçaient... Ils étaient armés de couteaux et de matraques et avaient des gueules pas possibles.
« Tu ne reverras jamais ta fille, vieux fou !! » fit un des loubards tandis que le vieux chinois pleurait en marmonnant une espèce de prière dans sa barbe. Un autre voyou allait poignarder le vieux, mais une main l’arrêta à temps. La crapule se retourna, ainsi que les cinq autres. « Je suis Jack Song Pain, unique héritier de la Voie Ultime du Poing du Dragon sans Ombre ». Jack gratta une allumette sur la tronche de l’agresseur, et alluma sa cigarette. « Si vous arrivez à me toucher ne serait-ce qu’une seule fois, je vous laisserai peut être la vie sauve... ». Les loubards se ruèrent sur lui en criant comme dans les films.

Jack lâcha son baluchon de voyage (où il ne restait qu’un caleçon et ses dernières économies) et commença à mandaliser[1] les voyous. En trente secondes, seul un restait en face de lui. Il se faisait dessus. « Il est trop tard pour les regrets » dit Jack. Coup de pied dans la tête, coup de pied dans la tête, coup de pied dans la tête, coup de pied retourné dans la tête. « Technique ultime de la Voie du dragon sans ombre : les pieds invisibles de la fureur invincible » dit Jack tandis que le voyou faisait des saltos sur lui-même.

                « Euh... Merci!! Merci, honorable étranger !! Laissez-moi-vous inviter à prendre un repas dans mon restaurant, pour vous remercier... » dit le vieux chinois, tout abasourdis par ce qu'il venait de voir. Jack le suivit (la fenêtre au travers de laquelle il avait balancé l’un des voyou était justement la devanture du restaurant) et, une fois passée la porte, s’installa au milieu de la petite pièce à une table libre. Après un bon paquet de courbettes, le vieux lui apporta enfin à manger.

Une trentaine de minutes plus tard, alors que Jack entamait son cinquième bol, des personnes malintentionnées (il fit cette déduction car ils avaient vraiment des sales gueules...) entrèrent dans le restaurant. « Hé, Hai Feng, ne crois pas t'en tirer comme ça! L'étranger t'a peut être sauvé, mais il n'est plus là maintenant! Tu dois le double de ta redevance à King Jiang ce mois ci, ne l'oublie pas ! ». Le loubard se mit à rire bruyamment, dévoilant les quelques dents qu'il avait perdu quelques minutes plus tôt. « Ca tombe bien ! On se proposait justement, les copains et moi de lui amener l'argent, pour que tu n’es pas à te déplacer! Ca vaut bien que tu nous paies à bouffer, non? » Le loubard édenté vit une personne à une table qui leur tournait le dos. Probablement un touriste. « Eh, toi!! Connard d'Américain! » Cria un loubard à l'intention du laowai[2]. « Tu ferais mieux de te barrer, si tu ne veux pas que nous, les Terreurs Eclipsantes de la baie ouest de Hong-Kong (auto surnommés), ne te mettions en pièces... ». L'étranger se retourna, un bol de nouilles aux crevettes dans les mains, les deux baguettes entre les dents. Il était brun, les cheveux courts. Il se dégagea de la table après avoir lâché son bol, faisant crisser la chaise sur le sol. Il était du genre super bien bâtis, avec son un mètre quatre-vingts trois et ses quatre-vingts dix kilos de muscle. Il se roula une clope, en s'asseyant en Unching Style[3] face aux loubards tatoués. Ceux-ci commencèrent à blêmir. « Je suis Jack Song Pain, et vous savez déjà la suite, non? » Dit Jack en tirant de grandes bouffées de sa cigarette. Il recracha la fumée en direction du plafond. « Je cherche un certain Monsieur Han. C'est peut être une de vos copines... ». Les chinois en cuirs reculèrent d'un pas, s'entassant en un gros tas à l'entrée du restaurant. Le plus imposant d'entre eux, un grand chauve, les insulta en chinois. Ce qui, apparemment, parut les motiver... Ils commencèrent alors à agiter leurs nunchakus et d’autres trucs qu’ils semblaient incapable de maîtriser.

                Le gros chauve ne touchait plus le sol. Le laowai n’arrêtait pas de le secouer. Il peina à regarder autour de lui. Les Terreurs Eclipsantes de la baie ouest de Hong-Kong étaient toutes vautrées un peu partout dans le restaurant. Certaines terreurs avaient également une nouvelle fois traversées les fenêtres du restaurant. Le laowai leur avait mis une sacrée branlée.  « Alors, tu le connais ce Han? Si tu ne me réponds pas tout de suite, je te carre ton nunchaku dans le rectum ». L'imposant loubard transpirait à grosses gouttes. « Je…Je ne le connais pas !! Nous… Nous sommes une petite bande indépendante… ». Il sentit ses pieds toucher le sol. Suivi d’une quinzaine de mandales dans sa tronche.

                Tandis que le chauve faisait des saltos sur lui-même, Jack Song Pain réfléchissait. Peu importe le temps qu’il lui faudrait et les moyens qu’il devrait employés.

                 Il allait se le faire, Han. Il vengerait sa famille et son maître.

 

Tiiiiin….. Tin tin !!

(Générique de fin d'épisode: The gone jackals, Legacy)

 



[1] Verbe du premier groupe signifiant mettre des tonnes de mandales.

[2] De l’étranger.

[3] Assis, les deux talons au sol, comme pour chier. Symbole du "je chie sur tout".

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